La R5 GT Turbo ne s’encombre pas de nostalgie molle. Trente ans après sa sortie, elle alimente toujours la soif de vitesse et l’obsession du détail chez les mordus de mécaniques survoltées. Derrière ses lignes anguleuses, cette petite furie des années 80 réserve encore bien des tours à qui rêve de la faire renaître. Entre chasse aux pièces rares, arbitrages techniques et astuces de vieux briscards, chaque phase de restauration devient un défi où la rigueur technique n’a d’égal que la passion brute.
Remettre une R5 GT Turbo sur la route, c’est accepter de fouiller des forums spécialisés, de rejoindre les rangs des clubs de connaisseurs, ou de déchiffrer les pages jaunies des manuels d’époque. Dans ce microcosme, chaque détail compte, chaque conseil s’échange comme une relique. Retrouver la splendeur d’origine de cette sportive, c’est aussi renouer avec un pan entier de la culture automobile française.
Histoire et développement de la R5 GT Turbo
La Renault 5 GT Turbo, arrivée sur les routes au tout début des années 80, symbolise ce que la France sait faire de mieux en matière de petites sportives nerveuses. Sous la houlette de Jean Terramorsi et de ses équipes, Renault accouche d’un modèle qui deviendra rapidement la coqueluche des amateurs de sensations franches. Le cœur de la bête ? Un 1.4L turbo Garrett, qui crache ses 115 chevaux sans fioritures, et impose à l’époque de nouveaux standards dans la catégorie.
Un développement méticuleux
Pour transformer cette citadine en véritable machine à plaisir, Renault n’a rien laissé au hasard. L’expérience puisée en compétition, notamment avec la Renault Alpine, a servi de laboratoire. Résultat : la GT Turbo hérite de suspensions optimisées et de barres anti-roulis surdimensionnées. Les freins, eux, conjuguent efficacité et robustesse grâce à des disques ventilés à l’avant et des tambours à l’arrière. Chaque composant semble avoir été pensé pour encaisser les assauts répétés de l’asphalte.
Une aérodynamique soignée
L’aérodynamisme ne relève pas du gadget marketing : spoiler proéminent à l’avant, jupes latérales affûtées, tout concourt à garantir la stabilité à tempo élevé. Cette recherche de performance donne à la R5 GT Turbo une place à part dans la famille des sportives Renault de l’époque, où la forme épouse la fonction sans compromis.
Un héritage durable
Ce n’est donc pas un hasard si, plusieurs décennies plus tard, la restauration de ce modèle continue de fédérer une communauté aussi active. Les experts de la restauration Renault traquent la moindre pièce d’époque et n’hésitent pas à refaire, vis et boulons, pour retrouver la magie d’origine. Ce souci du détail, ce goût du vrai, perpétuent la légende de la R5 GT Turbo bien au-delà des simples performances techniques.
Étapes clés de la restauration
Diagnostic initial
Tout projet de restauration d’une Renault 5 GT Turbo débute par un examen minutieux du véhicule. Jérôme, collectionneur averti, s’est récemment attaqué à une GT Turbo de 85 000 kilomètres, méthodiquement, sans rien laisser au hasard.
Travaux de carrosserie et peinture
La carrosserie, souvent marquée par le temps et la corrosion, réclame une remise en état rigoureuse. Pour y parvenir, plusieurs étapes s’imposent :
- Démontage des éléments abîmés, en veillant à préserver tout ce qui peut l’être
- Traitement anti-rouille, indispensable pour stopper la progression des dégâts
- Pose d’un kit carrosserie conforme à l’origine
- Application d’une peinture respectant la teinte d’époque
Révision du moteur et des composants mécaniques
Le moteur turbo Garrett 1.4L, pièce maîtresse du modèle, requiert une attention extrême. Le chantier inclut :
- Changement des joints et des durites pour prévenir toute fuite
- Contrôle et remise à neuf du turbo, sans négliger le système de refroidissement
- Inspection et réglage minutieux des suspensions et des freins
Rester fidèle aux spécifications d’usine, c’est garantir la fougue authentique de la GT Turbo une fois remise en route.
Restauration de l’intérieur
L’habitacle, avec ses sièges baquets et son tableau de bord distinctif, mérite lui aussi un soin particulier. Jérôme a fait le choix de :
- Refaire les sièges avec des matériaux identiques à ceux d’origine
- Changer les moquettes et les garnitures, pour retrouver la sensation du neuf
- Revoir l’instrumentation, afin que l’ensemble fonctionne et affiche comme au premier jour
Cette exigence, conjuguée à la patience pour dénicher les bonnes pièces, rend à l’intérieur son cachet des années 80.
Résultats et impact de la restauration
Le travail de Jérôme sur sa Renault 5 GT Turbo ne laisse aucune place à l’à-peu-près. La voiture retrouve sa silhouette racée, sa mécanique pétillante, et prend la route avec la vigueur de ses plus belles années.
Au volant, on retrouve les sensations brutes qui ont fait la réputation du modèle : turbo révisé, 115 chevaux bien présents, suspensions et barres anti-roulis qui collent littéralement la voiture à la chaussée. L’expérience n’a rien à envier à celle d’une sortie d’usine.
Impact sur le marché des sportives classiques
Restaurer une R5 GT Turbo, c’est aussi peser sur la cote des sportives vintage. Stéphane Muguet, une référence du secteur, l’a récemment souligné : la demande explose pour des modèles remis à neuf dans les règles de l’art. Quelques tendances se dégagent :
- Les exemplaires restaurés avec exigence voient leur valeur grimper
- L’engouement des collectionneurs et des amateurs de sportives Renault ne se dément pas
- Ces voitures retrouvent la lumière lors des rallyes ou des rassemblements automobiles
La Renault 5 GT Turbo ne se contente pas de survivre à son époque : elle s’impose à nouveau, portée par la ferveur de ceux qui la font revivre, et s’installe durablement parmi les mythes de l’automobile. À l’horizon, d’autres passionnés attendent déjà leur tour, bien décidés à écrire la suite de cette histoire à la carrosserie rouge vif et au turbo inimitable.


